• 沒有找到結果。

1) “Supra-intellectualité” du contact avec l’élan vital et vitalité

C’est au contact122 de l’élan vital que le “vrai mysticisme” puise la vitalité qu’il traduit en action : “un immense courant de vie les a ressaisis ; de

115 DS/Q., p. 242 : “Un fou se croira empereur ; (…) en rejaillira-t-il quelque chose sur Napoléon ? On pourra aussi bien parodier le mysticisme, et il y aura une folie mystique : suivra-t-il de là que le mysticisme soit folie ?”

116 “à la surprise de ceux pour qui le mysticisme n’est que vision, transport, extase.” (DS/Q., p. 101)

117 DS/Q., p. 241

118 Ibid.

119 DS/Q. p. 242

120 DS/Q. p. 241

121 DS/Q. p. 238, 244, 246

122 DS/Q. p. 233 : “A nos yeux, l’aboutissement du mysticisme est une prise de contact, et par conséquent une coïncidence partielle, avec l’effort créateur que manifeste la vie. Cet effort est de Dieu, si ce n’est pas Dieu lui-même.” (C’est moi qui souligne.).

leur vitalité accrue s’est dégagée une énergie, une audace, une puissance de conception et de réalisation extraordinaires.”123. Cette vitalité, le mystique la reçoit parce que son contact avec l’élan vital le fait accéder au

“supra-intellectuel”124 qui est “le pur dynamique”125, la vie dans ce qu’elle a de jaillissant : c’est le domaine de “l’émotion supra-intellectuelle” que nous avons vu “entraîner” les hommes hors de la “morale de l’âme close”. Pour devenir dynamique lui-même, et donc agissant, le mysticisme doit en effet transcender l’intellectualité.

Tout ce qui relève de l’intellectualité, de la “représentation intellectuelle”, n’est déjà qu’une retombée, un “affaiblissement du principe”126 (générateur de la vie). Il est intéressant de noter que, pour Bergson, les visions et les extases,

 et même la contemplation , appartiennent encore au domaine de l’intellectualité, et restent par conséquent encore prisonnières de “la nature”127. C’est pourquoi le mysticisme seulement “contemplatif” n’est pas un mysticisme “complet” : c’est le cas pour Plotin, qui “alla jusqu’à l’extase”,

123 DS/Q. p. 241 ; cf. aussi p. 246 : “(…) c’est désormais, pour l’âme, une surabondance de vie. C’est un immense élan. C’est une poussée irrésistible qui la jette dans les plus vastes entreprises. (…)” ,

“(…) la surabondance de vitalité qu’elle réclame coule d’une source qui est celle même de la vie.” ; p. 247 : “Il a senti la vérité couler en lui de sa source comme une force agissante.”

Pour en revenir au “faux” mysticisme (pathologique), on peut dire qu’il entre aussi dans la catégorie du mysticisme “incomplet”, dans la mesure où les manifestations de ce mysticisme ne sont pas réellement dues à une prise de contact avec l’élan créateur, qui seule communique la

“vitalité” permettant aux grands mystiques de déployer leur “activité surabondante” (DS/Q. p.

241 : “activités surabondantes”). Et Bergson cite les noms de saint Paul, sainte Thérèse, sainte Catherine de Sienne, saint François, Jeanne d’Arc. Ainsi, le mysticisme n’est “vrai” que s’il est

“complet”, c’est-à-dire s’il s’exprime en une action réelle, efficace. Le mysticisme tel que le conçoit Bergson est donc indissociablement “vrai” et “complet”  “vrai”, parce que “complet”.

124 Et, par là, lui fait transcender l’intelligence. Pour Bergson, le mysticisme, même “à l’état d’ébauche” (DS/Q., p. 236), est “un effort pour aller chercher, par delà l’intelligence, une vision, un contact, la révélation d’une réalité transcendante” (DS/Q., p. 232) (c’est moi qui souligne) ; cf.

aussi : “(…) des vision, des extases, suspendant la fonction critique de l’intelligence” (DS/Q., p.

236) (c’est moi qui souligne).

125 DS/Q., p. 63

126 DS/Q., p. 224 : “(…) nous savons qu’autour de l’intelligence est restée une frange d’intuition, vague et évanouissante. Ne pourrait-on pas la fixer, l’intensifier, et surtout la compléter en action, car elle n’est devenue pure vision que par un affaiblissement de son principe et, si l’on peut s’exprimer ainsi, par une abstraction pratiquée sur elle-même ?”.

127 Elles constituent tout ce qui, dans l’âme mystique, “n’est pas assez pur, assez résistant et souple, pour que Dieu l’utilise” (DS/Q. p. 246), c’est-à-dire tout ce qui fait encore “obstacle” à l’action  à cette “activité divine” (p. 246) qui rend le vrai mystique “agissant”.

mais pas jusqu’à l’action, et par là “reste fidèle à l’intellectualisme grec”128. La contemplation, tout comme les visions et les extases (qui ne sont que “des incidents de la route”129), caractérise un mysticisme qui n’a pas encore atteint son terme, qui est donc encore en chemin130, s’il n’est pas déjà “arrêté à mi-chemin”131, comme c’est le cas du Bouddhisme, “détaché de la vie humaine mais n’atteignant pas à la vie divine”132, et échouant par là dans son

“effort pour coïncider avec l’élan créateur”133. La contemplation est encore de la pensée ; or “pour franchir l’intervalle entre la pensée et l’action134 il fallait un élan, qui manqua.”135.

Que la “vitalité” du “vrai mystique” soit liée à sa “supra-intellectualité”

et rayonne en action, cela se voit aussi à la manière même de s’exprimer des grands mystiques136 : à la parole, aux “simples discours”137, qui relèvent de l’intellectualité, ils préfèrent l’action  l’action par l’exemple138 : c’est ce qui fait d’eux des “entraîneurs de l’humanité”139, des “créateurs moraux”140, car l’exemple est “entraînant”, tandis que le “pur intellectualisme”, avec ses discours141, “ne peut que donner des conseils, alléguer des raisons, que rien

128 DS/Q. p. 234

129 DS/Q., p. 242

130 “… un seul chemin mène de l’action confinée dans un cercle à l’action se déployant dans l’espace libre, de la répétition à la création, de l’infra-intellectuel au supra-intellectuel. Qui s’arrête entre les deux est nécessairement dans la région de la pure contemplation, et pratique en tout cas naturellement, ne s’en tenant plus à l’un et n’étant pas allé jusqu’à l’autre, cette demi-vertu qu’est le détachement.” (DS/Q., pp. 63-64).

131 DS/Q., p. 238

132 Ibid.

133 Ibid.

134 en d’autres termes : l’intervalle entre le statique et le dynamique.

135 DS/Q., p. 255

136 qui est celle que Bergson évoque sous le nom d’ “héroïsme” : “L’ héroïsme (…) ne se prêche pas ; il n’a qu’à se montrer, et sa seule présence pourra mettre d’autres hommes en mouvement. (…).”

(DS/Q., p. 51). (Déjà cité, cf. note 100).

137 DS/Q., p. 247

138 “Ils n’ont pas besoin d’exhorter ; ils n’ont qu’à exister” (DS/Q., p. 30). Bergson écrit cela à propos des saints, mais ceux-ci sont, comme les mystiques, des “individualités privilégiées” qui “aident la société à aller plus loin” (DS/Q., p. 103), et “haussent l’humanité à des destinées nouvelles”

(DS/Q., p. 48).

139 DS/Q., p. 55 (Déjà cité, cf. note 55).

140 DS/Q., p. 80

141 “(…) on ne triomphe pas de l’égoïsme en recommandant “l’altruisme” (DS/Q. p. 32) ; “(…) ce n’est pas en prêchant l’amour du prochain qu’on l’obtient” (DS/Q. p. 50). Cette dernière phrase peut être mise en opposition avec la phrase : “Ils ne demandent rien, et pourtant ils obtiennent” de

ne nous empêchera de combattre par d’autres raisons.”142. C’est qu’alors on reste dans le “statique”, tandis que, comme on l’a vu à propos de la “morale d’aspiration”, si les mystiques et les saints ont des imitateurs, c’est que “leur existence est un appel”143 ; et c’est ce qui rend la morale dynamique  et

“complète”

144  et fait ce cette morale le pendant du mysticisme

“complet”.

相關文件